Vous ne vous souvenez de rien, mais votre corps réagit comme s’il savait : c’est la mémoire traumatique du corps.
L’amnésie émotionnelle, les trous de mémoire ou les souvenirs flous sont fréquents chez les personnes ayant vécu un traumatisme objectivement grave selon les critères médicaux ou sociaux. Votre corps, votre meilleur allié, vous protège. Il n’oubliera pas, il sera une mémoire vivante, jusqu’au moment où vous serez prêt à affronter ce traumatisme.

Le traumatisme, un choc qui dépasse la pensée
Le traumatisme est un événement éprouvant, douloureux, qui laisse des conséquences néfastes sur votre psyché. Le traumatisme n’est pas forcément lié à un événement « grave », l’intensité d’un traumatisme est propre à chacun.
Deux personnes peuvent avoir été exposées à un événement mais ne pas avoir les mêmes conséquences psychiques.
Face à un traumatisme, notre corps peut réagir de différentes manières pour nous protéger : sidération, fuite, dissociation, hyperréactivité…
En fonction de la violence perçue par votre cerveau et esprit, vous pouvez être sujet à « l’amnésie traumatique ». En situation de choc intense, le cerveau peut altérer ou inhiber l’accès à certains souvenirs. Ce n’est pas une décision consciente, mais un mécanisme automatique de protection.
Dans Trauma and Recovery, la psychiatre Judith Herman explique que l’amnésie traumatique est une réponse naturelle du cerveau face à un événement intolérable, permettant une forme de survie psychique jusqu’à ce que l’individu soit prêt à faire face.
Lors du choc, le cerveau ne peut pas encoder l’événement comme un souvenir « classique ». Il reste alors fragmenté, sensoriel, émotionnel, et s’imprime dans le corps : c’est ce qu’on appelle une mémoire traumatique.
L’amygdale, souvent appelée « cerveau émotionnel », enregistre les émotions liées à un événement. Elle enregistre les sons, les odeurs, les sensations associées à un événement traumatique et fonctionne ensuite comme un système d’alarme. Après un traumatisme, l’amygdale peut devenir hypersensible, interprétant des signaux inoffensifs comme des menaces, ce qui explique certaines réactions de panique ou d’alerte disproportionnée.
L’hippocampe permet l’organisation et la consolidation des souvenirs autobiographiques. Lors du traumatisme, le stress atteint un niveau anormal qui dérègle l’hippocampe et empêche l’enregistrement de l’événement ainsi que son accès.
L’hypothalamus est responsable du dérèglement du cortisol : l’hormone du stress. Ce dérèglement influence directement la fonction de l’hippocampe, et donc le stockage des événements dans la mémoire ainsi que son accessibilité.
Où se cache la mémoire traumatique ?
Si le traumatisme ne peut pas être intégré par le cerveau comme un souvenir normal, il n’est pourtant pas totalement effacé. Il reste dans le corps, dans l’inconscient, dans des sensations.
Il n’est pas rare, à la suite d’une amnésie traumatique, qu’une personne puisse avoir des réactions physiques incontrôlables face à quelque chose qui pourrait ramener inconsciemment au traumatisme.
Certains flashbacks peuvent apparaître avec des images floues ou un souvenir partiel. L’inconscient peut se décharger de cette pression également avec les cauchemars à répétition.
Certaines sensations physiques inexpliquées apparaissent : « Je ne sais pas ce qu’il se passe, je sens comme si quelque chose n’allait pas, pourtant tout va bien en ce moment ». Le corps parle, mais l’esprit est coupé du souvenir : c’est un moyen de survie !
On observe aussi chez certains individus des douleurs chroniques qui peuvent apparaître, voire des maladies.
Le traumatisme ne se loge pas uniquement dans l’esprit ; il imprime aussi profondément le corps. Souvent, quand le mental déconnecte, c’est le corps qui continue de porter cette mémoire. C’est la mémoire traumatique du corps.

Le corps parle à sa façon
Lorsque l’on parle de maladie, on fait souvent référence à des maladies somatiques. Bien que le déclenchement d’une maladie somatique soit récurrent, le corps envoie tout de même des signaux d’alerte.
Si l’individu ne peut pas s’exprimer sur un événement oublié, le corps, lui, s’en rappelle. Alors, il s’exprime !
Douleurs, angoisse, acné, eczéma, endométriose, défense immunitaire très faible : les alertes peuvent être de toutes sortes !
Le corps s’exprime aussi sous forme de sensations. En écoutant une histoire ou un film, un malaise envahit le corps de l’individu. Ne pas supporter la vue d’armes à feu ou ne pas supporter le contact physique.
Comme le souligne le neurologue Antonio Damasio, les émotions prennent naissance dans le corps avant même d’être comprises par l’esprit. C’est pourquoi le corps peut réagir bien avant que la mémoire consciente ne se manifeste grâce à la mémoire traumatique du corps.
Pourquoi l’esprit oublie (et pourquoi c’est une stratégie de survie)
Comme je vous l’ai dit précédemment, votre corps est votre meilleur allié.
Un traumatisme est souvent violent pour l’individu. Pour le protéger de cette violence, de cette souffrance, le cerveau met en place des mécanismes de défense pour se protéger. L’amnésie traumatique est une manière de se protéger, de refouler l’inacceptable, l’intolérable.
Vous pouvez être dans une forme de dissociation constante, une mise à distance des émotions. Alors, vous pouvez vous sentir passif, spectateur de votre vie. Cette anesthésie est un mécanisme de défense, une protection pour vous-même.
L’amnésie traumatique est un mécanisme de protection que le cerveau met en place pour éviter un effondrement psychique. C’est une forme de survie. Bien que cela puisse être difficile à vivre, il est important de reconnaître la fonction vitale qu’elle a pu remplir.
Chérissons notre cerveau et notre corps pour nous donner la possibilité de nous protéger.
Cependant, un jour, un détail, une odeur, une musique, un rien peut rompre cette amnésie. L’amygdale s’active, un sentiment de malaise ou d’oppression apparaît, ou alors, le souvenir remonte et l’individu se rappelle de tout.
Lorsque l’esprit est prêt, il devient possible d’amorcer un travail de reconnaissance et d’intégration du traumatisme, un chemin vers l’apaisement et la reconstruction. Bien que l’amnésie vous protège et laisse en sourdine le traumatisme, celui-ci agit sur vous et sur votre quotidien.
Guérir par le corps : une clé pour libérer la mémoire enfouie
Une fois que le traumatisme est revenu dans votre mémoire, il est important de le traiter, de se permettre de guérir et d’avancer. Car si le corps protège d’un traumatisme pendant une durée indéterminée, celui-ci pâtit de cette souffrance.
Il est donc important de prendre en considération toutes ces émotions, tout son vécu, afin d’accepter et ensuite d’avancer. De nombreuses thérapies s’offrent à vous. Il n’y en a pas forcément de meilleures que d’autres, seulement des plus adaptées à vous.
- L’art-thérapie par la danse, par le chant, l’écriture ou la peinture
- L’EMDR (psychothérapie par mouvement oculaire qui cible les mémoires traumatiques)
- L’hypnose
- La psychogénéalogie (libération des traumatismes par l’analyse de l’arbre généalogique)
- La thérapie psycho-corporelle
- L’EFT (technique de libération des émotions)
- La respiration en conscience
Traiter et guérir d’un psychotraumatisme peut prendre du temps, mais il est nécessaire de réformer l’unité corps/esprit, de restaurer l’apaisement interne et la sécurité corporelle.

Vous pouvez faire confiance à votre corps : il vous accompagne chaque jour, vous porte et vous donne de la force. Il vous protège quand cela est nécessaire. Le corps n’oublie pas les psychotraumatismes, mais il vous permettra d’en guérir.
Je vous invite à être à l’écoute de celui-ci : il vous envoie plus de signaux qu’il n’en paraît. Votre corps vous parle, votre corps vous guide, parfois avec des signaux discrets.
De nombreuses approches et outils thérapeutiques vous permettent aujourd’hui de choisir de vous libérer émotionnellement de ces événements douloureux.
À vous d’en essayer, parfois plusieurs, avant de trouver celle qui vous convient et vous permettra de vous apaiser et de vous transformer.
Je vous invite à cliquer sur ce lien pour découvrir les outils thérapeutiques que j’utilise et à cliquer sur ce bouton pour prendre rendez-vous avec moi, via mon agenda en ligne.